Mononucléose infectieuse (MNI)

Le diagnostic de mononucléose infectieuse est le plus souvent évoqué devant une angine, une polyadénopathie cervicale fébrile et/ou la découverte d'un syndrome mononucléosique.
Physiopathologie
La MNI correspond au syndrome de primo-infection à Epstein-Barr virus (EBV). Le plus souvent asymptomatique, elle confère une immunité durable contre l'EBV (80 % des adultes sont immunisés).
La distribution du virus est mondiale et l'homme représente le réservoir naturel de la maladie. La transmission s'opère par la salive à partir d'un malade ou d'un porteur asymptomatique (maladie du baiser).
Après une infection des lymphocytes B, il survient une dissémination vers le foie, les organes lymphoïdes et la rate. Les symptômes sont le résultat du conflit immunologique avec l'hôte.
EBV est un cofacteur incriminé dans la survenue tardive de plusieurs maladies : lymphome de Burkitt (par immortalisation de lymphocytes B), réactivation chez les immunodéprimés (par persistance dans les lymphocytes B), carcinome du cavum (par excrétion chronique dans la salive).
Diagnostic
Clinique
Asthénie intense avec fièvre à 38 °C.
Angine érythématopultacée bilatérale avec purpura du voile du palais.
Adénopathies cervicales volontiers postérieures, parfois généralisées, splénomégalie.
Exanthème morbilliforme spontané ou déclenché par la prise d'ampicilline ou d'amoxicilline.
Guérison en 3-4 sem. avec asthénie résiduelle parfois prolongée.
Signes associés : hépatite parfois ictérique, encéphalite, polyradiculonévrite, syndrome cérébelleux, méningite lymphocytaire, myocardite, pleurésie, rupture de rate exceptionnelle, auto-immunité (anémie hémolytique à Coombs positif, agglutinines froides, purpura thrombopénique, cryoglobulinémie).
Biologique
Syndrome mononucléosique (70 % des cas) : augmentation des cellules mononuclées circulantes (60-70 % des leucocytes) avec présence, sur le frottis sanguin, de grands lymphocytes stimulés hyperbasophiles à un noyau lobulé et excentré (environ 30 % des lymphocytes circulants).
D'autres infections s'accompagnent de syndrome mononucléosique : CMV, toxoplasmose, VIH, hépatites virales, rubéole, oreillons ainsi que la prise de divers médicaments (hydantoïnes, etc.).
Neutropénie absolue et relative (60-90 % des cas).
Thrombopénie < 140 000/mm3 (50 % des cas).
Cytolyse hépatique à 2-3 fois la normale : ASAT, ALAT et/ou LDH dans plus de 90 % des cas. Une élévation ≥ 10 fois la normale doit remettre en cause le diagnostic. Augmentation des phosphatases alcalines (60 %), de la bilirubine (45 %), et apparition d'un ictère (< 5 %).
Sérologique
Recherche d'anticorps hétérologues
IgM dirigées contre les érythrocytes de mouton (Paul-Bunnel-Davidson) ou de cheval (MNI-test).
Moins sensible que la recherche d'anticorps dirigés contre EBV, positivité parfois retardée de 2 à 3 sem. La sérologie peut rester positive jusqu'à un an et ne permet pas de dater rétrospectivement le début de l'infection.
Très sensible, peu onéreuse mais de moins en moins demandée.
Recherche d'anticorps anti-EBV
Recherche d'IgM anti-VCA (antigène de capside virale) présente dans plus de 90 % des cas pendant les signes cliniques, persistance pendant 4-8 sem.
L'IgG anti-VCA persiste toute la vie.
Les anticorps contre les antigènes nucléaires (anti-EA et anti-EBNA) apparaissent après 3-4 sem. d'infection. Ils sont donc négatifs lorsque le patient est symptomatique.
Traitement
> 95 % de guérison spontanée.
Repos +++.
Éviter le sport pendant 2-3 sem (asthénie et risque de rupture de rate).
Antipyrétique : aspirine ou paracétamol.
Corticothérapie : prednisone à 1 mg/kg/j à arrêter progressivement en 1-2 sem. en cas d'obstruction sévère des voies aériennes, d'anémie hémolytique ou de thrombopénie profonde.
Éviter les contacts trop rapprochés pendant la phase aiguë.
L'ampicilline et l'amoxicilline sont contre-indiquées car elles déclenchent un exanthème morbilliforme dans 90 % des cas.

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